Grande boucle sans Ventoline… au Grand Barbat

Les promesses….

Le Grand Barbat invisible depuis la vallée est un sommet peu connu des randonneurs car le terrain est rude et l’ambiance austère sauf quand la neige est encore présente et permet de « survoler » éboulis et pierriers sur la partie haute du cheminement. Mais les pentes enneigées raides, puis la crête sommitale nous offrent un panorama pour le moins grandiose avec juste le zeste de difficultés pour produire un peu d’adrénaline sans avoir besoin de Ventoline pour atteindre son sommet à 2813m.

Le projet…mais par où ?

Le Grand Barbat : notre projet du jour… mais par quel itinéraire ?
Cette sortie, reportée d’une semaine faute de combattant(e)s mardi dernier, a trouvé aujourd’hui des amateurs et amatrices éclairés…C’est donc un groupe à l’effectif volontairement limité qui participe à cette aventure tant en raison des aspects sécuritaires que pour favoriser les échanges.
Bien décidé à faire usage des crampons et du piolet, non pour me battre, mais pour réaliser cette ascension, c’est à partir du Lac d’Estaing et non du Cambasque que nous démarrons cette randonnée pour son exposition Nord et un enneigement plus favorable.
Annoncée sur l’agenda à 1450 m et 14 km au départ de la cabane de l’Arriousec en aller-retour, la météo étant favorable, je décide de m’arrêter au lac d’Estaing pour faire une proposition malhonnête à l’équipe du jour : et si on faisait une grande boucle – Tour de France oblige…- au lieu d’un aller-retour ?  Seulement 200 m de dénivelée en plus et pour le kilométrage, ce sera plus long…même si on économise 300 ou 400 m de distance en partant à l’extrémité du lac d’Estaing et non du départ normal du GR comme le suggère Bernard, qui a manifestement étudié les diverses possibilités offertes pour cette ascension avant de s’engager dans cette nouvelle aventure.
Pas d’opposition et donc que des acquiescements avec quand même des arrière-pensées perceptibles dans les regards: mais il nous emmène où avec un départ peu conformiste et un kilométrage illimité ?

C’est parti…pour la montée

En attendant le coup de sifflet du début de match – Coupe du Monde de football oblige –  séance de maquillage pour se protéger des UV, consignes rapides de l’entraîneur du jour – on ne prend pas le casque,  seule concession du jour à la légèreté – et nous voilà partis par la piste qui mène à l’Arriousec, puis rapidement nous prenons de l’altitude par le GR – raide – pour arriver à la cabane de l’Arriousec – point de départ initial de notre sortie – et on transpire depuis un moment – Bernard consulte son GPS et en profite pour donner malicieusement des indications sur la vitesse ascensionnelle du groupe…et peut-être rappeler à l’encadrant qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation…là, j’extrapole.
Pour ma part, je suis parti pour une fois sans GPS et uniquement avec carte et boussole pour renouer un peu avec la navigation à l’ancienne sur un terrain que je ne connais pas.
Un objectif : rejoindre le plus rapidement possible la neige.
La cabane du Barbat est vite dépassée, puis le lac éponyme. Navigation de cairn en cairn dans un empilement de blocs, rochers et cailloux qui ne vise qu’à ralentir votre progression…
Et enfin la neige : elle est plutôt dure malgré une température positive – la nuit a été claire, ce qui explique cela – mais la pente est douce, donc les crampons restent confinés dans les sacs.
A la bifurcation entre brèche du Barbat et brèche de Badescure, la pente se redresse passablement pour un bon 30-35° et le groupe passe rapidement en mode crampons-piolet : brèche du Barbat , nous voilà…sous un ciel bleu et un soleil éclatant.
Pas le temps de réfléchir, mais juste le temps de regarder la descente – raide au départ – et de dire: encore 100 m pour le sommet – je suis optimiste, car c’est plus de 150 m, mais il faut bien motiver le groupe…, et c’est par la longue crête au lieu du cheminement classique en versant Nord que nous attaquons ce final un peu aérien par endroit sur du rocher pas très sain.
Arrivée au sommet pile pour le casse-croûte et le petit manseng de Michel.D – j’ai bien pris un gobelet cette fois-ci – toujours aussi bon après une ascension. Tour d’horizon sur la chaîne : Balaïtous, Pics d’Enfer, Vignemale,… et discussions sur la société d’aujourd’hui….
Mais il est temps de descendre de notre nuage car la route est encore longue…

 

C’est parti pour la longue descente…

Brèche du Barbat, nous revoilà donc mais par l’itinéraire normal, puis petit exercice d’équilibriste pour franchir le mur de neige raide et prendre pied sur le caillou et rejoindre 30 m plus bas une pente de neige sympathique.
Crampons or not crampons ? Exposition sud-ouest, neige ramollie en surface, pas de risque majeur en contrebas, ce sera donc sans crampons – ce sera mieux pour les bas de pantalon et éventuellement les mollets – avec un petit rappel sur l’art et la manière de s’arrêter en cas de glissade non désirée…et sur le positionnement des pieds et du corps, etc…
Premiers pas hésitants, quelques glissades rapidement stoppées, et l’aisance commence à venir….mais il y a encore besoin de pratique et une journée « Sécurité neige » serait la bienvenue à mon avis pour les randonneurs 4×4 voire 3×3 pour aborder les névés encore présents.
Fin de la descente sur neige : crampons et piolet retrouvent leur place dans le le sac. Sortie de la carte : identification des lacs et de l’itinéraire. Pas de sentier sur la carte jusqu’au déversoir du lac Long et donc navigation à vue avec des bribes de sente…où le groupe joue pleinement son rôle d’observateur pour aider l’encadrant à trouver le meilleur cheminement.
Premier franchissement humide au déversoir pour prendre pied sur le sentier indiqué sur la carte. Descente sympathique sur le lac Nère puis arrivée dans la forêt de pins à crochet, premiers rhododendrons en fleur et  jaillissement de cascades, passage près d’un parc à bestiaux où sont reclus 3 ânes qui ne semblent pas goûter la situation, de l’autre côté de la barrière, 6 « bourrins  » du CAF de PAU, échanges de regard,…puis rencontre insolite avec un lama poilu à quatre pattes et pas bouddhiste accompagné par des chevrettes, puis avec un berger et ses border collies – 3 générations de chiens en présence – un brin de causette avec cet ermite atypique qui, depuis 29 ans séjourne tous les étés dans cet estive avec pas moins de 600 brebis que nous ne verrons pas. Quel contraste : du bleu, du vert, du rouge, de la fraîcheur, des odeurs, les sons de la nature par rapport au monde minéral du versant Nord et son silence.
Puis la boucle nous rappelle gentiment à elle : l’heure tourne et il y a encore du chemin.
Reprise de la descente toujours en ambiance causette – on a dû refaire le monde -, franchissement de nombreux gués sans se mouiller les pieds  – quelques regards encore émerveillés sur les lacs qui jalonnent le parcours et arrêt devant la belle toue de Cétira restaurée, pour terminer notre périple droit dans la pente dans le pierrier qui domine le pont de Plasi et arpenter enfin le long faux-plat descendant qui conduit à nos véhicules.

Coup de sifflet final…

Ma montre donne les indications suivantes : 31972 pas, 288 étages gravis….pour 1650 m de dénivelée et un peu plus de 19 km parcourus après pondération des données GPS par VisuGPX. Il était bien temps de siffler la fin du match.

Tentative d’arrêt chez Karine à Arras-en-Lavedan  pour se réhydrater mais en vain et nous poursuivons donc sur Argelès pour cette dernière phase – ô combien importante de la journée… – autour du pot de l’amitié et des cookies de Marie.
Le résultat du match du jour Pau-Lourdes : 6-0

Le Go du jour : Michel.T
Les participants du jour : Marie, Alain, Bernard, Daniel et Michel.D
La trace du jour du GPS de Bernard : https://www.visugpx.com/Jw9NTEivbb

La cotation de cette randonnée : 4/3 au départ, ressenti 4/4 à l’arrivée… pour certains, mais ça se discute. En tout cas, la vigilance est de mise sur cet itinéraire en particulier sur la crête et dans la progression sur les névés.

Les photos du jour ci-après